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Chronique - Man on the Rocks (par Paul Harris)


Voici une des toutes premières chroniques de l'album Man on the Rocks. Elle est signée de Paul Harris (du fanzine Dark Star) qui a eu le privilège d'écouter l'album en avant-première (désolé, la traduction n'est peut-être pas parfaite) :
« Après avoir passé une grande partie des années 80 à écrire des chansons et des morceaux plus courts, pratiquement sous la contrainte de la maison de disque [Virgin Records], c’est probablement le premier album où Mike a rassemblé une collection de chansons rock et pop sans avoir à satisfaire quiconque. Ce climat a sans aucun doute créé un environnement plus harmonieux pour le processus créatif, même si la plupart des chansons traitent des troubles issus de la vie personnelle de Mike. En tout cas, cet élan créatif et le fait de le vouloir plutôt que d’y être obligé a, je crois, donné de l’espace aux chansons pour se développer et respirer, là où auparavant il y aurait pu y avoir une mainmise sur la structure de la musique, sa production et sa commercialisation.

Tous les fans d’Oldfield ne se retrouveront pas dans cet album car sa structure est bien loin de celles des chef-d’œuvres passés parmi les plus encensées et admirées. D'autres pourront juger qu’il n’y a rien de nouveau par rapport à ce que Mike a pu faire par le passé. Certains pourront critiquer aussi le fait que la plupart des instruments sont joués par des musiciens extérieurs plutôt que par Mike lui-même, que ce n'est pas donc pas vraiment un album de Mike Oldfield. Mais cela n'a aucun sens, Mike a toujours fait appel à des musiciens pour participer à ses disques. Passé tout cela , il y a beaucoup de choses positifs à dire à propos de cet album . C’est clair qu’il y a beaucoup d’émotions et de sentiments dans les chansons, en particulier sur
Man on the Rocks, que la voix dynamique de Luke [Spiller] arrive vraiment à faire ressortir. Pour les mordus de guitare, il y a des solos oldfieldiens sur tous les morceaux. D’ailleurs, les deux se marient particulièrement bien sur le titre Castaway.

La production est claire et nette avec moins de superpositions de sons et d’instruments auxquelles les œuvres plus complexes de Mike nous ont habituées. J'aime l'énergie de cet album,
Minutes et Dreaming in the Wind sont d’ailleurs des singles potentiels. Bien qu'il soit plus heavy que la plus part des réalisations antérieures de Mike, avec des titres rock tels que Chariot, une bonne dose de power chords et des solos de guitare comme sur Nuclear, mes premières pensées sont que ce sont des chansons pop bien conçues. Ca peut ne pas être du goût de tout le monde, et ça peut diviser l'opinion des fans, mais cela pourra aussi en glaner de nouveaux, d'autant plus que la maison de disques semble être préparée à  promouvoir l’album et toucher un plus large public.

En termes de comparaisons, que je suggère seulement pour ceux qui n'ont pas eu encore le privilège de l’écouter, l’album est du style de
Moonlight Shadow mélangé à du Shadow on the Wall, du Discovery et un brin de Outcast. De toute évidence, c’est beaucoup plus de la variété que d’habitude, mais Mike a calqué la recette à succès de Moonlight Shadow tout en intensifiant l'énergie et en créant un son plus dynamique. Un ingrédient clé dans l'atmosphère et le ressentis créé par les chansons est la voix de Luke Spiller. Il offre une gamme et un nombre incroyable de styles différents, allant de l'angoisse sur Nuclear à quelque chose de plus doux et décontracté sur Following the Angels Down. L’avoir choisi comme chanteur est une vraie réussite.

Sailing mis de côté, vu que la plupart des gens l’ont entendu, Moonshine illustre un moment partagé avec Phil Spalding en Irlande au milieu des années 80, on y sent la touche "irlandaise" en partie à cause des cornemuses. Castaway commence doucement en acoustique, le style lo-fi [n.b. son de qualité modeste – opposé de hi-fi] trompe sur le véritable caractère du morceau qui se lance alors dans une mélodie entêtante à la manière d’un titre que l’on retiendra facilement, M. Spiller fourni ici une excellente performance.

Minutes et Dreaming in the Wind sont deux morceaux très à la Moonlight Shadow pour lesquels la maison de disques ou le public pourraient s’intéresser en tant que singles potentiels, elles sont toutes les deux un plaisir à écouter.

Man on the Rocks et Nuclear traitent du récent divorce de Mike. Les paroles sur la première sont touchantes, sur la seconde, profondes et démontrent la tourmente laissée par la séparation avec sa femme et ses enfants. Luke livre un chant émotif portant les sentiments directement à l'auditeur.

Deux morceaux ne me saisissent pas autant que le reste de l’album.
Irene, une piste sur l'ouragan qui a frappé les Bahamas en 2011, et I Give Myself Away (une reprise) sont peut-être un peu trop stéréotypés et d’un style trop « variété » pour moi, mais cela ne signifie pas qu'ils ne feront pas finalement un tabac.

Dans l'ensemble, l'instrumentation est essentiellement composée de batteries et de percussions, de basse, de guitares rythmiques et acoustiques, d’orgue Hammond, de chant et de guitares électriques. Quelques morceaux ont des chœurs, du piano sur le soporifique
Following the Angels Down, des cornemuses et de possibles violons sur Moonshine et ce qui ressemble à des cuivres synthétisée sur Irene. La plupart des titres ont des solos de guitare d'une durée d'environ une minute, voire 2 minutes sur Castaway !

L'album est sans aucun doute du pur Oldfield , avec quelques solos de guitare qui rivalisant avec certains de ses meilleurs . En termes de regain d’intérêt, Mike a utilisé l’élan généré par sa participation aux Jeux olympiques pour alimenter un intérêt renaissant pour écrire et enregistrer de la musique à nouveau. Est-ce l’envie de toucher un public potentiellement plus large qui a conduit à ce format ou est-ce la création d’un réel support, guidée par la volonté d’exorciser les troubles de sa vie personnelle ? Les auditeurs pourront se faire leur propre idée. Le style de l'album a clairement des intentions commerciales et pourrait bien amorcer une rehausse de la cote de popularité de Mike sur le marché américain. La formule sur cet album est peut-être établie, mais 30 ans après
Moonlight Shadow, la BBC Radio 2 place Sailing sur sa playlist principale, ce qui rend possible l’apparition d’un nouveau single d’Oldfield dans les charts.
» 

(Paul Harris)

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